Aperçu : Kerbal Space Program
Parmi les jeux indépendants, il y a ceux dont on entend très vite parler, tels que Super Meat Boy ou Limbo, car ils font forte impression même avant leur sortie, ceux qui s’épanouissent lors de leur sortie, et ceux qui reste très longtemps en beta, et gagnent leur notoriété petit à petit (Minecraft, on pense à toi !). Kerbal Space Program, ou KSP, fait partie de ceux ci.
KSP, c’est avant tout un jeu de niche, dont seuls quelques initiés ont entendu parler. Le jeu est actuellement en version alpha, ce qui explique cet aperçu, dont l’objectif est plus de présenter et tenter de donner un premier avis sur le jeu plutôt que de le juger dans son entièreté. Il peut actuellement être essayé gratuitement, la démo ayant quelques versions de retard, ou acheté, ce qui donne accès à toutes les dernières mises à jour.
Pour faire simple, et peut être un peu trop vague, KSP est un simulateur de programme spatial. Mais attention, pas du style pénible et ennuyeux, bien au contraire. C’est là un “type” de jeu plutôt rare, peut être même l’un des seuls représentants de cette catégorie de niche, avec Orbiter, un vrai simulateur spatial poussé et complexe.
Mais commençons par le commencement. KSP vous place sur Kerban, une planète étrangement similaire à la terre, peuplée par les Kerbals. Ces drôles de créatures, très humanoïdes, veulent aller sur Mün, la lune de leur planète, et même plus loin ! Votre rôle est donc de construire un engin suffisamment perfectionné pour atteindre la planète, et de le guider tout au long du voyage, car les trois astronautes Kerbals qui vont vous suivre, les frères Kerman, sont particulièrement stupides, et incompétents.
Dans l’état actuel du jeu, vous démarrez donc sur la base spatiale, vous mettant trois structures à disposition :
- Le hangar à avions vous permet de construire et designer un véhicule destiné à démarrer horizontalement (un avion, donc)
- Tandis que la tour de lancement vous permet d’en construire un de type fusée, c’est à dire à décollage vertical
- Enfin, le radar permet une vue globale du système solaire, ainsi que des appareils déjà en orbite/attéris sur les autres planètes (si vous êtes déjà bien avancé).
KSP est un jeu de type sandbox et, en soit, ne possède pas encore beaucoup d’objectifs ni de missions. Ceci viendra plus tard, selon les développeurs, mais également via des mods, dont nous reparlerons plus tard. Pour le moment, voici l’ordre de progression approximatif dans le jeu : construire un véhicule pouvant quitter l’atmosphère, l’améliorer pour réussir à le mettre en orbite, puis réussir à le sortir de l’orbite de Kerban et rencontrer la lune, puis l’y faire atterrir, avant d’enfin réussir à le faire revenir sur Kerban. Une autre planète est également accessible, mais elle ne demandera pas forcément plus de compétences pour être atteinte.
Tout ceci peut sembler simpliste et un peu limité, mais ne l’est en réalité pas du tout, et le jeu propose une profondeur impressionnante. Que ce soit dans le hangar à avions ou à fusées, les possibilités sont très larges, et ce même si le jeu ne dispose pas encore d’une base de pièces très large pour le moment (même si les mods pallient à cela).
Parmi ces pièces, on retrouve des réacteurs, divers containeurs d’essence de tous genre, mais également des pièces de fuselage, des ailerons, des découpleurs, divers modules de contrôle, etc. Les premières fusées construites seront généralement très simplistes : un cockpit (obligatoire), un module SAS permettant via la pression d’une touche d’automatiser l’équilibrage de l’engin (si celui ci possède des moyens de contrôle comme des ailerons), ce qui est vital, et quelques parties de fuselage remplies d’essence, terminées par un réacteur.
Cette fusée simpliste ne permettra même pas de monter jusqu’à hors atmosphère, et il faudra alors réfléchir à de nouveaux designs, comme ajouter des découpleurs. En effet, lors du lancement d’une fusée, l’essence est consommée extrêmement vite par les réacteurs. Il faut alors “stager” le décollage, c’est à dire le diviser en plusieurs étapes, et surtout se débarasser du poids “mort” et inutile, comme un conteneur vide et un réacteur qui, du coup, n’a plus d’utilité. C’est ces débris qui sont lâchés par une fusée à son décollage, car c’est le trajet surface-orbite de Kerban qui est le plus coûteux en énergie à cause de la gravité de Kerban.
Ainsi, la conception d’une fusée dans KSP demande du temps et de la réflexion, mais pas forcément un diplôme en astrophysique. En effet, même si le jeu se montre très réaliste et exigeant, il n’en reste pas moins abordable, et se base avant tout sur des concepts naturels. Plus de poids demande plus de puissance, un mauvais équilibrage entraîne forcément un mauvais décollage, etc. On pourrait en quelque sorte comparer tout cela au déroulement d’une partie de Garry’s Mod, analogue dans la construction de l’engin.
Mais décoller ne suffit pas, et bientôt, d’autres challenges se poseront au joueur. Comment entrer en orbite, comment cela influe sur la consommation de carburant qui devient quasiment nulle, comment jouer avec la gravité et l’attraction des planètes, etc. KSP est ludique, mais également éducatif, et pour peu que l’on s’y intéresse, se révèle être un véritable outil pédagogique, d’autant que la plupart des Youtubers faisant actuellement des vidéos sur le jeu y instillent également plein de connaissances intéressantes.
Le jeu propose également de construire des véhicules plutôt typés avions, demandant paradoxalement plus de travail que les fusées, car là, l’aérodynamisme est d’autant plus important. En effet, KSP gère de façon exemplaire la friction de l’air et l’aérodynamisme des machines, demandant un réel travail et une vraie reflexion sur l’équilibrage des avions.
Difficile de faire une description exhaustive de KSP, d’autant que de très nombreux mods sont déjà disponibles, ajoutant une pléthore de nouvelles pièces au jeu, permettant ainsi de construire avec précision l’engin de votre choix, et ajoutant de nombreuses possibilités. Des moddeurs ont même créé des modules de mapping par exemple, créant une carte d’une zone scannée dans un fichier sur l’ordinateur du joueur.
Imaginons un petit scénario tout à fait imaginable, et déjà testé, sur KSP : une capsule remplie de trois Kerbals s’est écrasée sur Mün, sans toutefois exploser, et ces pauvres astronautes doivent être sauvés. Toutefois, leur position est maintenant inconnue, et les Kerbals ne disposent pas encore de moyens de cartographier Mün à distance. L’opération de sauvetage va se dérouler en plusieurs étapes.
- Déjà, il va falloir concevoir un satellite disposant des modules nécessaires.
Direction les mods, pour récupérer un module de transmission, ainsi qu’un module de cartographie à longue portée (15km), et des panneaux solaires pour qu’il reste autonome sans source d’énergie interne. Une fois conçu, il faut créer un véhicule capable de le faire décoller (sachant qu’il s’avère plus ou moins lourd en fonction de sa conception). On va choisir un jet, rapide et peu cher, équipé de propulseurs fonctionnant dans l’espace (des réacteurs de jet classique utilisent l’oxygène pour la propulsion, l’absence de cet élément dans l’espace les rend inutiles une fois l’atmosphère quittée). Celui ci va devoir décoller, entrer en orbite autour de Kerban, puis établir une trajectoire de collision avec Mün, se placer en orbite autour de celle ci à moins de 15km de hauteur (possible vu la faible gravité de Mün), lâcher le satellite dans cette orbite, et revenir sur Kerban pour y atterir sain et sauf.
- Maintenant, il faut attendre que le satellite capte la position de la capsule de survie, et la renvoie au radar sur Kerban.
Pendant ce temps, il faut créer un véhicule un peu plus complexe : un véhicule capable de se déplacer sur Mün jusqu’au point voulu, d’attraper la capsule, et de revenir sain et sauf sur Kerban. Pour cela, direction les mods également, pour des sets de roues adaptés au déplacement sur la planète, ainsi que pour un module de détection à courte portée. Une fois le véhicule construit, il faut lui aussi l’envoyer sur Mün, on va opter pour une grosse fusée pour le propulser en orbite autour de Mün, qui sera ensuite laissée à l’abandon dans l’espace. Celle-ci doit pouvoir soulever un poids significatif de Kerban, et comme pour l’autre, entrer en orbite, puis changer pour l’orbite de Mün. Là, on découple le véhicule de la fusée, qui va partir dans l’espace, et on le fait atterrir sur Mün, proche de la capsule.
- Grace au module de détection, on va trouver la capsule…
…et déplacer le véhicule jusqu’à celle ci, avant de l’attrapper via un système au choix parmis les divers offerts par les mods (un bras, un trappe, etc). Il suffit alors d’utiliser le petit réacteur inclus dans le véhicule pour décoller – facile vu que la gravité est moindre), se mettre en direction de Kerban, puis larguer tout le poids superflu avant d’entrer dans l’atmosphère et d’utiliser un parachute renforcé pour l’atterrissage, supportant le poids combiné de deux capsules.
Si ce petit récit vous a semblé romancé, ce n’est pourtant que la description de l’expédition dans KSP. Tout ce qui est raconté est faisable, et testé, dans le jeu, ce qui montre bien les possibilités inouïes offertes par celui ci.
Alors certes, malgré cette profondeur tout simplement impressionante, le jeu se pare de graphismes franchement datés. Certes, Kerban fait très vite, ses continents n’étant que des longues plaines sans reliefs. Certes les fusées sont simplistes. Mais ce n’est pas là l’intérêt du jeu, KSP se base avant tout sur sa profondeur, et sur les sensations que l’on a lors du décollage et de la transition planète-espace sans chargement, sur la sensation de vide une fois dans l’espace, etc. On espère, forcément, que l’aspect graphique sera amélioré pour la sortie du jeu, mais franchement, quand on est confronté à un jeu de la sorte, ce n’est clairement pas ce qui est le plus important.
KSP s’avère donc très prometteur. Progressant assez vite dans son développement, déjà suivi par une floppée de moddeurs très doués, il est clair qu’il reste encore pas mal de bugs à corriger, problèmes d’optimisation, etc, mais le potentiel est là, et le plaisir de jouer déjà présent. Espérons simplement que la KSP Team arrivera à marketer son jeu correctement, et touchera un public suffisamment large pour amortir le développement du jeu, histoire de le soutenir le plus longtemps possible.
Résumé
Les + | Les - |
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Grandes possibilités de customisation, gameplay profond et poussé, un potentiel gigantesque. | Un moteur graphique vraiment à revoir, la partie sonore à refaire. |
Score du jeu : |
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Effectivement ce jeu a l’air assez … spécial ! Je vais y jeter un coup d’oeil !