Hiversaires et Melady Antres : les débuts d’Aliceffekt dans le monde du jeu indé

Par Dr.Dedalus , le 04 juillet 2013 à 1:23 | Actualité, Toutes les news |

Connu auparavant pour ses créations musicales, qu’il réalisait au départ pour accompagner ses animations, Aliceffekt s’est lancé récemment dans la création de jeux, dont il réalisé la programmation, les graphismes et la bande sonore. Ce jeune développeur francophone de Montréal a déjà donné des concerts un peu partout dans le monde et ses deux premiers projets ludiques sont disponibles (pour Hiversaires) ou en cours de réalisation (pour Melady Antres). Nous vous proposons donc de faire un point sur ses travaux.

Son premier projet, Hiversaires, est disponible depuis le 20 avril 2013 sur iOS ainsi que sur Android. Le jeu est un point & click en noir et blanc inspiré de Myst dans son fonctionnement : le joueur est livré à lui même dans un univers futuriste pour tenter d’en comprendre les règles, le fonctionnement et dans l’absolu, le but. On y retrouve déjà un certain nombre de thème qui semblent être récurrents dans les travaux vidéoludiques du développeur : la symbolique qui parsème le jeu semble avoir un sens caché, qu’il est possible de décrypter en partie grâce à son wiki.

Dans Melady Antres, son deuxième projet actuellement en cours de développement, le joueur est confronté aux même types de problématiques. Si le jeu semble plus segmenté qu’Hiversaires, aux vues des premiers Devlog, il propose le même mode de réflexion. Le joueur doit ici composer avec une « horloge » fonctionnant en temps réel et dont le principe n’est pas explicite. Melady Antres est lui aussi en noir et blanc et propose de manipuler de grand cadrans circulaires. Il s’agit alors de se familiariser avec le langage spécifique du jeu, apprendre à l’apprivoiser pour pouvoir espérer arriver à l’épilogue.

Ce mode de conception du jeu, commun aux deux projets, est ambitieux : il promet aux joueurs les plus acharnés une vraie récompense sans pour autant garantir « de réponse ». Il induit au mieux des questionnements, des embryons de raisonnements liés à la compréhension intuitive de l’univers et de son fonctionnement. La récompense n’est pas immédiate non plus puisqu’il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour voir surgir une explosion sensorielle. La seule vraie gratification est celle qu’obtient le joueur dans sa compréhension toujours plus poussée de l’univers. Si Aliceffekt y arrive avec brio, c’est qu’il utilise largement à son avantage ses compétences graphiques et sonores : il faut, pour réussir à instaurer cette ambiance, s’appuyer sur des éléments suggestifs solides. L’ambiance mystérieuse de l’univers d’Hiversaires appelle inexorablement à l’exploration quand les mécanismes léchés de Melady Antres réveillent en nous cette passion enfantine de la déconstruction. Enfin, l’utilisation de la symbolique contribue grandement à l’ambiance générale qui se dégage de ces jeux, en proposant une immersion dans un univers vraiment différent puisque nous ne partageons même pas d’éléments communs de langage.

Il est clair que ce type de jeux ne s’adresse pas forcément à tous les joueurs et que ceux qui n’ont pas supporté Myst n’y trouveront pas leur compte. Cependant, pour les autres, Hiversaires récompensent grandement ceux qui prennent la peine de s’y frotter. Melady Antres promet d’être du même calibre.