Test : Völgarr the Viking
Le viking. Encasqué hurlant des mers du nord. Féroce chevelu trucideur sur drakkar. Quel symbole plus pur de la virilité sotte, du machisme poussé à la démence, de la tenue invraisemblable d’alcool ? Non vraiment. Les vikings c’est pas des rigolos, et les enfants ne devraient pas prendre exemple.
Cela dit, c’est toujours très plaisant de contrôler un tel rustre dans un jeu-vidéo. Les développeurs de Crazy Viking Studios l’ont bien compris en sortant Völgarr the Viking, un hommage aux grands noms du plateformer action 2D. Ghosts’n Goblins, Castlevania sont les titres immédiatement évoqués quand on parle de « l’âge d’or de l’arcade ». Völgarr est-il à la hauteur de ces illustres exemples ?
Accueilli par l’écran titre typé 16-bits, il est temps de nous mettre en action. Point de cinématique, point d’introduction, l’histoire du jeu n’étant contée que dans le très sympathique manuel pdf. Un court tutoriel nous familiarise rapidement avec la palette de mouvements. On peut sauter, se baisser, rouler, donner un coup d’épée ou lancer un javelot. Simple ? Le stage 1 commence, dans un environnement de jungle dense et… on meurt. Pour la première fois. D’une longue longue série.
Première constatation : le jeu est joli. Le pixel art dessiné main est du plus belle effet, les ennemis explosent en de petites gerbes de sang colorées et l’action reste très lisible. L’animation et ses détails apportent sa pointe de modernité au jeu, et il est particulièrement sympa de voir un ennemi empalé propulsé en arrière par une de nos armes. Quelques défauts, ça est là, comme l’attaque en deux frames d’un des boss à laquelle manque un effet pour nous indiquer exactement quand elle peut nous toucher, mais le tout reste très efficace. Côté ambiance, on nous gratifie aussi d’une bande son très Conan le Barbare. De bon ton, donc.
Place au plat de choix, le gameplay. Voici le point qui va partager. Car le fameux âge d’or de l’arcade n’est pas seulement évoqué par l’esthétique, mais aussi par les contrôles de Völgarr the Viking, avec toute la rigidité que cela implique. La mobilité aérienne est réduite. Une fois qu’on a sauté, et sauté encore une fois, car Völgarr est capable de faire des double sauts, impossible de corriger le tir. Il faut bien apprécier la distance avant de quitter le sol. De même, pour atteindre une plateforme, Völgarr doit l’atteindre au pixel près. Völgarr ne se hisse pas, Völgarr ne s’accroche pas, Völgarr doit atterir avec les deux pieds ou n’atterrit pas.
Ce parti-pris corse encore une difficulté bien solide. Notre viking ne peut supporter qu’un seul coup, et les sept mondes du jeu sont parsemés de pièges pensés par des sadiques malins – la pire espèce! – qui vous feront perdre beaucoup beaucoup. Les monstres sont également fourbes : certains nécessiteront de se baisser pour les atteindre sous leur bouclier, d’autres au contraire de rester debout sous peine de manger un méchant contrecoup… La clé est l’apprentissage de patterns et de la précision nécessaire pour les déjouer. Bon. Le monde n’est en fait pas si sombre : Völgarr peut trouver, lors de sa progression, des coffres contenant des pièces d’armure. Chaque couche d’armure donne la possibilité de prendre un coup supplémentaire, et disparaît à l’impact. Mais quand Völgarr est vulnérable, une erreur et hop!, retour au checkpoint du début de la séquence.
C’est donc du véritable die & retry. Le jeu n’est cependant pas injuste, il est presque toujours possible d’anticiper la suite du niveau grâce à une touche permettant un dézoom sur l’écran. Mais immanquablement, on ne trouve pas toujours la bonne stratégie au premier passage, et il faut revenir au charbon. Tout cela est particulièrement sensible dans les combats contre les boss, dont les mouvements doivent être bien connus. Un échec dans un de ces combats réussis contre ces bestioles impressionnantes, et là aussi : retour au checkpoint de moitié de stage. Le tout peut devenir rapidement frustrant.
Heureusement, la progression est sectionnée. Les stages sont découpés en deux séquences, plutôt longues, chacune ayant son checkpoint. S’il n’y a pas de système de sauvegarde, ces stages, une fois vus, sont accessibles par un warp en début de jeu. Joueur forcené comme joueur plus relaxé peuvent donc progresser à leur rythme. Pour voir le bout, seule la persistance compte ! A titre indicatif, avec un niveau moyen, on dépassera facilement la douzaine d’heures. Des fins alternatives et un redoutable hard mode, modifiant complètement les stages, ajoutent encore à la durée de vie.
Völgarr the Viking est une perle brute. Véritable madeleine de Proust pour le hardcore gamer, sa haute difficulté et la rigidité de ses contrôles en dégoûteront plus d’un. Mais pour qui aura la patience, s’offrent à lui un jeu riche, Valhalla et vierges blondes. J’exagère à peine.
Résumé
Les + | Les - |
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Une ambiance soignée et un jeu difficile, exigeant et gratifiant | Un jeu difficile, exigeant, et parfois frustrant aussi... |
Score du jeu : |
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Excellent jeu que ce Völgarr! Moi qui ai adoré faire les Ghouls ‘n Ghosts et autres Castlevania 8/16 bits, quel plaisir de se retrouver face à un jeu réglé comme du papier à musique dans lequel progression rime avec apprentissage par l’ erreur. J’ aurais apprécié une réalisation plus poussée (graph’ et zic) mais l’ essentiel réside dans le gameplay et à ce niveau, le level design aidant, la réussite est notable.
Excellente expérience de 2013.
Très bon commentaire, ça fait plaisir d’en voir des comme ça. Perso, je pense que je vais me le tester, je n’ai pas méga le temps mais je trouverai bien un moment pour