Un peu plus de deux ans déjà nous séparent de l’excellent Hotline Miami, et il était grand temps que Dennaton Games nous livre une nouvelle fournée de sang, de larmes et de bouillie de pixels. Comme avant de poser les mains sur n’importe quelle suite de jeu à succès, c’est avec envie et une once d’appréhension que me préparais à enfiler mon masque préféré pour déglinguer du truand ou assimilé. A cet instant la question reste entière, Hotline Miami 2 rentrera-t-il au panthéon du shooter ou ne sera-t-il qu’une pale copie du précédent opus ?
L’évolution dans la tradition
Dès les premières minutes de jeu le bonheur est total, l’ambiance 80’s sous acide qui faisait tout le charme du premier épisode est au rendez-vous, tant visuellement qu’auditivement, et les balles de shotgun filent dans tous les sens dans un fracas des plus jouissifs. Les sensations sont les mêmes que celles auxquelles nous ont habitués Dennaton Games, de la vitesse, de la nervosité, et un défouloir à toute épreuve. Si les premiers niveaux restent très proches de l’esthétique du précédent opus, la suite du jeu prend place dans des environnements assez variés tout en conservant l’esprit qui fait la marque de fabrique de la série, permettant ainsi à cet épisode d’acquérir une identité propre.
Contrairement au premier volet, on incarne ici différents personnages, du mafieux russe à l’inspecteur de police en passant par le skinhead patriote américain et le journaliste. Côté gameplay à proprement parler rien de bien neuf – si ce n’est la possibilité d’effectuer des roulades - mais ces changements de personnage marquent aussi généralement un changement de système de jeu, ou tout du moins un changement d’approche dans l’élimination de la foultitude d’ennemis. Les masques octroyant des capacités spéciales sont toujours de la partie mais ne concerneront que les phases du mafieux et du skinhead tandis que l’inspecteur devra se débrouiller avec son côté Rambo. Quant au pauvre journaliste – qui est le seul a devoir encore s’accorder avec sa conscience - il ne sera pas question d’utiliser la moindre arme létale. Lors de ces séquences il faudra donc ressortir le Chuck Norris qui est en vous pour assommer les ennemis, récupérer et décharger leurs armes pour éviter qu’elles ne servent à d’autres et vous frayer un chemin dans le niveau.
L’occasion donc d’un changement de rythme puisqu’il sera ici bien plus question de patience et d’infiltration – le mot est fort, ça reste du Hotline Miami - que de zigouillage de types en costard blanc. Il en va de même pour certaines séquences du skinhead qui se retrouve soldat à Hawaï partant à l’assaut de bases communistes armé de son couteau et d’armes dont le nombre de munitions est limité. Pas question dans ces niveaux de ramasser les armes ennemis, ce qui complique grandement la tâche et permet là aussi un changement d’approche dans la résolution de la scène.
Si ces changements de rythme sont un vrai plus par rapport au précédent épisode, on peut regretter qu’ils nous poussent parfois à être un peu trop prudent lors des séquences plus barbares avec le mafieux ou l’inspecteur. Quand on sort d’un gros quart d’heure avec le journaliste sur un rythme plus posé on peut avoir tendance à appliquer le même genre de stratégie dans une situation où nos deux mitraillettes en main auraient pu régler la question bien plus rapidement, avec tout le flot de rage et de bonheur qui coule de chacune de nos balles. Mais vous me direz, ça ne tient qu’à chaque joueur d’adopter l’attitude qui lui convient, et vous avez bien raison.
Un modèle de suite
Vous l’aurez compris, Hotline Miami 2 est un parfait prolongement de l’expérience du premier épisode. L’histoire est toujours aussi barrée – voire plus - et peut cacher derrière une enquête policière un discours sur la violence tant sociétale que vidéoludique. Les 25 niveaux vous prendront entre 6 et 8h de jeu pour un premier rush en mode normal, davantage si vous souhaitez faire le hard mode et collecter toutes les armes et masques disponibles. La durée de vie devrait par ailleurs se voir augmenter sous peu avec la sortie d’un éditeur de niveaux pour accompagner le jeu. Seul point noir en perspective – qui peut être un soulagement pour certains joueurs - l’absence de boss. Si ces combats étaient à la fois attendus et redoutés dans l’épisode précédent, pouvant parfois bloquer la progression un certain temps avant de parvenir à bout de la bête, Dennaton Games a ici fait le choix de proposer davantage de niveaux au détriment de ces séquences. Cette absence est regrettable mais l’expérience de jeu n’en souffre pas réellement, et on gardera simplement dans nos esprits tatillons que le jeu aurait pu être encore mieux.
Dennaton Games réussit donc pleinement son retour avec Hotline Miami 2, suite quasi sans fautes du premier opus, bien que quelques bugs poussant de temps à autre les ennemis à se bloquer dans les portes entachent un peu la perfection du titre. Sans faire figure de copie du précédent opus, ce second épisode parvient à renouveler l’expérience grâce à de nouveaux types de séquences qui permettent un changement de rythme dans la progression du jeu. Grâce à des environnements diversifiés ne trahissant pas l’esprit de la série, à un gameplay toujours aussi efficace et à une bande-son en parfaite adéquation avec l’expérience de jeu, ce nouvel opus s’annonce déjà comme un incontournable du genre. Pour ceux d’entre vous qui souhaitent prolonger l’expérience, de courts comics autour du jeu sont disponibles à cette adresse.
Review
Pros | Cons |
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- Un gameplay toujours aussi jouissif - Une bande son aux sonorités 80's exceptionnelle - Bonne durée de vie - Des phases de jeu et environnements diversifiés | - Quelques bugs d'IA - Absence de boss |
Rating |
Trailer – Hotline Miami 2 : Wrong Numbers
Et pour le plaisir des yeux, deux artworks fournis par le studio.