Le capitaine Clark, John et moi-même mettons les voiles pour le sud de l’Afrique. Adieu civilisation, moi, Richard Francis Burton, je pars pour l’inconnu. On dit que nul n’est jamais revenu indemne de la forêt équatoriale. Ceux-là n’étaient pas prêts comme nous le sommes. Armés de revolvers et de machettes, équipés de dynamite et de pioche, rien ne nous arrêtera.
Curious Expedition, voilà un jeu qui ne devrait pas vous êtes inconnu si vous êtes lecteurs assidus de Game Sphere. Pour les autres, laissez-moi vous faire un bref résumé. Curious Expedition donc, est un jeu en HTLM5 développé par Maschinen-Mensch, un studio allemand basé à Berlin. Pourquoi parler d’un titre seulement disponible sur navigateur ? Tout simplement parce que ce jeu-là possède deux qualités qui à elles seules, ont largement permis de remporter nos faveurs. La première de ces qualités est qu’il s’agit d’un rogue-like, un genre que nous apprécions tout particulièrement par ici. La seconde qualité, et pas des moindres, est qu’il s’agit d’un titre fortement original. Si le commun des rogue-like nous a habitué à crapahuter dans des donjons sombres et humides du moyen-âge fantastique, Curious Expedition nous place à la tête d’une… expédition scientifique du 19ème siècle.
À l’aventure !
Le principe de Curious est fort simple. Après avoir choisi votre personnage parmi une liste de personnalités réelles (Nicolas Tesla, Marie Curie…), vous devrez monter une expédition en choisissant vos hommes et votre équipement afin de découvrir la pyramide dorée sur chacune des cartes que vous parcourrez.
Cette préparation avant l’exploration est cruciale. Étant donné que le poids maximal que vous transporterez sera nécessairement limité, vous devrez vous poser les bonnes questions. Allez-vous emporter de la nourriture et du soin au détriment des armes ou allez-vous prendre un peu de tout, sachant que les slots d’inventaire sont réduits (surtout au début) ? Dans vos premières parties, vous ferez forcement de grosses boulettes – ne pas prendre de trousses médicales peut rapidement s’avérer fatal à votre petit groupe d’aventuriers par exemple.
De même, vos compagnons de route auront chacun des compétences qui paraîtront inutiles dans un premier temps mais qui se feront vite regretter en cas d’absence. C’est le cas du cuisinier, qui n’a d’autre utilité que de préparer la viande que vous trouverez ici et là. Autant dire que cette source de nourriture deviendra bien vite indispensable.
Une expédition de tous les dangers
Le terme de rogue-like n’est pas volé pour ce Curious Expedition. Si les premières cartes que vous explorerez vous sembleront faciles avec quelques bons réflexes et une compréhension même superficielle du jeu. Mais attendez de voir la suite pour comprendre ce que survivre en milieu hostile signifie. En effet, entre les attaques d’hyènes, de tigres, la jauge de santé mentale qui baisse avec la faim et la fatigue, les blessures que vous ne pourrez plus soigner, la folie qui envahira petit à petit vos compagnons… Bref, vous l’aurez compris, il faudra jouer de ruse et de chance pour mener l’expédition la plus longue possible.
Heureusement, vous trouverez parfois des alliés sur votre route : villages de natifs, missionnaires, shamans étranges, marchands… Seulement, chaque service demandé coûtera des ressources à votre groupe. Les tribus locales sont souvent amicales au premier abord mais il suffira d’abuser sur les services ou de piller un de leur temple pour voir leur confiance en vous diminuer (représentée par la jauge bleue en haut de l’écran). À force, les indigènes peuvent très bien ne plus vous encadrer. Quant aux autres alliés, le troc est le seul vocabulaire qu’ils comprendront. Autant vous dire que même aux portes de la mort, vous n’obtiendrez rien d’eux si vous n’avez rien à leur offrir.
Une carotte à la clef
Si un rogue-like se caractérise souvent par sa difficulté et la mort répétée, un bon rogue-like saura vous récompenser. Un meilleur équipement, des caractéristiques accrues, des compétences débloquées… Dans Curious Expedition, c’est un système de scoring qui a été retenu pour servir de carotte à nous autres, les joueurs. En bref, certaines de vos actions vous rapporteront des points tels que trouver des papillons, ramener des trésors ou procéder à des recherches scientifiques. À la fin d’une expédition, lorsque vous aurez découvert la fameuse pyramide, le jeu calculera votre score en fonction de vos performances. Ce score n’est pas seulement esthétique puisque selon son montant, vous aurez plus ou moins d’argent à dépenser pour vous équiper pour l’expédition suivante. Le système est intéressant bien que punitif car en étant particulièrement lent dans votre exploration, vous subirez de lourdes pénalités de points au point de ne rien pouvoir acheter. Dur…
L’autre récompense à la fin d’une expédition est l’obtention de compétences à choisir parmi une liste. Loin d’être cosmétiques, elles permettent de gagner en réputation auprès des natifs ou de traverser un environnement plus aisément par exemple. Malheureusement, la difficulté du jeu est telle que vous finirez bien vite par oublier vos maigres atouts qui ne feront que retarder l’inévitable. Car oui, à la fin, vous mourrez, c’est une certitude. Reste à savoir quand.
Une rejouabilité limitée à l’heure actuelle
Si l’ensemble du contenu prévu pour Curious Expedition n’a pas été implanté dans cette alpha, il est un point qui doit être soulevé, celui de la durée de vie. À la manière d’un Don’t Starve, vous vous impliquerez probablement beaucoup dans vos premières parties, au point d’aller très loin dans le jeu. Seulement, une fois mort, vous ne gagnerez rien de permanent qui puisse faciliter ou enrichir vos prochaines expéditions mis à part les personnages à débloquer. Autant dire qu’après une dizaine d’essais, vous ressentirez sûrement une certaine lassitude. Si à l’heure actuelle, de très bonnes idées parsèment Curious, il faut bien admettre que de par son support – le navigateur – le jeu semble légèrement limité. Pour un titre gratuit ou peu cher, ce point n’entacherait pas ses qualités mais il s’agit ici d’un jeu payant et relativement cher de surcroit (12$ soit un peu plus de 9€). Autant vous prévenir donc : Curious Expedition possède une ambiance admirable, un gameplay bien pensé même si encore imparfait – le système de combat trop aléatoire notamment – et un univers ô combien original. Mais à l’heure actuelle, il ne mérite certainement pas la somme demandée. Bien entendu, et comme toujours pour un aperçu, il s’agit d’une version alpha du jeu donc il faudra attendre la sortie finale pour se faire un avis définitif sur la question. En attendant, si vous êtes un mordu de rogue-like et que l’idée de pouvoir jouer au bureau entre deux pauses café ou en révisant vos examens vous enchante, je ne peux que vous inviter à vous essayer à Curious Expedition. Pour les autres, soyez patient, cette petite pierre précieuse pourrait bien devenir un magnifique joyau si les développeurs s’investissent assez pour polir leur projet.