Entretien avec Miniboss (Out There Somewhere) #2
Comme promis, re-voilà donc les brésiliens du studio Miniboss, créateurs du jeu Out There Somewhere, pour la deuxième partie de l’entretien qu’ils ont accordé à Game Sphere.
Mais avant cela, j’aimerais les remercier pour tout ce qu’ils ont fait pour nous, pour leur gentillesse, pour leur disponibilité à toute heure. Grâce à Amora et Pedro (dit Santo) nous avons pu:
- Publier un test en exclusivité
- Organiser un concours avec 2 exemplaires du jeu à la clé
- Publier un entretien en deux parties (voir partie #1)
Bref, je voulais simplement leur dire merci pour cette période d’entre-aide mutuelle qui a apporté de bonnes choses à chacun de nous.
Game Sphere : Pour commencer, démarrons avec une question vraiment très spécifique concernant le noms des personnages d’Out There Somewhere. Est ce que vous vous rendez compte qu’ils sont nuls ? Yuri, un astronaute japonais combattant Grigori, un super méchant russe ? A quoi pensiez-vous ? C’est quoi ce genre de background ?
Amora : Hahahah xD Je sais que Yuri peut sembler japonais à cause du style manga, mais son nom est en fait inspiré du premier cosmonaute qui voyagea dans l’espace, Youri Gagarine.
Santo : Ouais, il se trouve que j’ai un point faible pour la Russie, donc nous nous en sommes servis pour créer les noms et thèmes. Il n’y a rien de particulier, c’est juste un truc perso. Le nom de la planète est Planète Mère, Grigori était le prénom de Raspoutine et Yuri devait avoir un acolyte canin nommé Little Kurly – inspiré de toute évidence par Laïka – mais nous n’avons pas eu le temps de le rajouter dans le jeu.
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Gs : Depuis quelques années, les développeurs de jeux vidéo indépendants trouvent de plus en plus d’idées originales, et conçoivent des jeux de plus en plus beau, de telle sorte que certains commencent à parler du jeu vidéo en tant qu’art à part entière. Que pensez-vous de cela ?
Amora : J’ai toujours essayé de m’exprimer de multiples façon différentes. Depuis que je suis gamine, j’ai écrit des bande dessinées, fait de l’animation et même du théâtre, mais les jeux vidéo ont toujours été ma vraie passion, je ne savais juste pas que je pouvais en faire moi-même.
Quand j’ai rencontré Santo nous avons commencé à transformer nos idées en jeux, les gens commencèrent à y jouer et les apprécier, c’est alors que je me sentis heureuse de ce que j’accomplissais. Oui, je considère les jeux vidéo comme une forme d’art, un des plus fort en plus.
Santo : Je pense que le jeux vidéo est une combinaison de plusieurs choses, qui crée une nouvelle forme d’art, unique. Mais c’est quelque chose qui m’inquiète un peu, certaines personnes essayent de rendre ça trop manifeste en exagérant l’aspect artistique d’un jeu jusqu’au point où il cesse d’en être un. Je pense que nous devrions toujours travailler sur des jeux avec passion et utiliser cette passion pour créer cette nouvelle forme d’art, mais nous ne devons pas oublier que ce sont des jeux avant tout.
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Gs : Pourriez-vous nous dire quels ont été vos jeux favoris durant votre enfance ? Pour moi, là comme ça sans réfléchir, ça serait The Legend of Zelda, et je dois l’admettre (avec honte) Pokémon.
Amora : Avec honte ?! Nooon, Pokemon est un jeu génial ! Haha ! J’y joue tout le temps ! Quand j’étais petite je n’avais pas trop l’occasion d’y jouer, parce que je n’avais pas de Gameboy. Mais je jouais tout le temps à Donkey Kong 2 et 3, à Aladdin (version SNES) aussi. Pocky and Rocky 2 était un de mes jeux favoris. Quand j’ai eu dix ans et que Zelda Ocarina of Time est sortit, c’était incroyable, j’étais complètement dingue de ce jeu. Je le suis toujours aujourd’hui d’ailleurs.
Santo : Je jouais beaucoup à Doom, X-Com et Flashback (qui est français non?). Je jouais également à quelques jeux sur console, mais la majorité de mon enfance fût passée sur des jeux PC.
Gs : Et ces derniers temps, quels sont vos jeux favoris (sortis ces cinq dernières années) ?
Amora : Ces cinq dernières années, voilà une question dure. Je suis tombée amoureuse de Patapon 2, c’est tellement joli et fun, je n’arrête pas de chanter avec eux pendant les combats de boss, c’est juste génial. Un autre jeu que j’ai beaucoup aimé est Phoenix Wright: Ace Attorney Trials et Tribulations (sa sortie DS est en 2007, donc c’est bien dans la période des 5 ans !). J’y ai joué sur la Nintendo DS (après le deux premiers, qui sont un peu plus vieux) et je pense qu’il est parfait. Il m’a fait beaucoup rire et j’avais l’habitude de partir au boulot en cogitant comme une dingue à quelles pourraient être les solutions aux cas, puzzles et je n’attendais qu’une chose, rentrer à la maison le plus tôt possible pour continuer à jouer ! Okami fût également une très bonne surprise (j’y ai joué sur la Wii) même si je ne l’ai pas encore fini, et j’adore Zelda Twilight Princess (aussi sur Wii). Le jeu qui m’a cependant le plus surprise est sans hésiter Ghost Trick (Nintendo Ds à nouveau) ! C’est tellement différent de tout le reste, il possède des puzzles et des mécaniques particuliers que je n’avais pas vu depuis un moment, et m’a fait pleurer comme un bébé à la fin.
Santo : Un de mes jeux favoris ces cinq dernières années est Team Fortress 2, ce jeu est probablement le meilleur first person shooter multi jamais créé. Un autre qui mérite d’être mentionné est The Binding of Isaac, qui est un incroyable coup de théatre dans le genre du roguelike. Un autre joyau du milieu indépendant est Dwarf Fortress, un jeu ridiculement complexe, qui une fois que vous avez compris comment y jouer, devient l’un des meilleurs jeux que j’ai jamais vu !
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Gs : Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que les concept-art pour la jaquette de Out There Somewhere ressemblaient à celles de Master System et Mega Drive. Pourquoi avoir fait cela ?
Amora : Nous nous sommes rendu compte à un moment pendant le développement, que nous n’avions pas d’artworks promotionnels pour le jeu. Nous nous sommes alors dit qu’il serait sympa d’avoir des artworks basés sur les jaquettes de vieux jeux, car le jeu est lui même inspiré des années 90. Santo réalisa quelques esquisses, une inspirée des jaquettes de Master System, une de PC CD-Rom et une troisième de Mega Drive. Mais comme nous ne pouvions en préférer une aux deux autres, nous avons lancé un sondage sur notre blog et la jaquette Master System arriva première, et de loin.
Santo : Out There Somewhere est un jeu nostalgique, l’idée est d’intégrer le plus d’éléments 90’s possible. Les covers furent basées sur le fait que les jaquettes des vieux jeux avaient généralement rien avoir avec le jeu lui-même; avec beaucoup d’inconstance et de trucs ringards. Genre Yuri et son fusil à pompe, son armure bizarre et son casque.
Gs : Je ne sais pas si ça a été ton cas Amora, mais Santo tu as participé à un Ludum Dare, et ton jeu Frostbite a remporté le premier prix. Qu’est ce que ça t’a fait d’avoir botté le cul des autres participants ?
Amora : Ça a été tellement dur de ne pas être autorisé de l’aider
Santo : C’était la première fois que je participais à un Ludum Dare, et honnêtement, ce n’était pas une chose à laquelle je m’attendais. Je fût très heureux mais pas certain de le mériter Mais je recommencerais au prochain Ludum Dare !
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Gs : De tous les jeux que vous avez fait, quel est votre préféré ? Expliquez nous pourquoi.
Amora : Encore une question pas facile. J’aime beaucoup Down Goes the Phoenix et Trapped! qui ont été réalisés en 48 heures, et bien sûr j’adore aussi Out There Somewhere. Mais si je devais choisir mon favori, je devrais dire Talbot’s Odyssey. C’est notre bébé, j’ai écrit la quasi-totalité des dialogues, créé la personnalités des personnages, et réalisé les animations et cutscenes, donc j’y tiens énormément et il me tarde vraiment de le terminer. C’est aussi le seul projet – en dehors des concours – qui sollicite l’intégralité de notre équipe et son potentiel maximal.
Santo : Oui, c’est vraiment une question difficile. J’aime beaucoup Out There Somewhere également, mais mon favori serait probablement Talbot’s Odyssey. Probablement parce que c’est notre premier jeu et que nous sommes vraiment désireux de l’achever.
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Gs : Qu’est ce que vous a donné envie de développer des jeux vidéo ?
Amora : Je pense que c’est un mélange de beaucoup de choses combinés à ma passion pour les jeux. Mes parents sont tous deux musiciens, ils m’ont enseigné qu’il est important de faire ce que l’on aime dans la vie. J’ai quitté l’université parce que je pouvais plus supporter la conception graphique, et quand je me suis rendue compte que je n’étais pas entièrement heureuse en dessinant des comics et des illustrations, c’est là que je me suis dit “je vais travailler dans le jeu vidéo”. J’ai donc commencé à chercher un job dans ce domaine au Brésil, mais c’était déprimant. Une des plus grosses entreprises venait juste de faire faillite, et les autres ne voulait même pas me rencontrer. Aujourd’hui nous avons pleins de petits studio, mais pas à l’époque. Quelques temps après ça, j’ai rencontré Santo et réalisé que nous pouvions simplement concevoir nos propres jeux à la maison
Santo : J’ai toujours désiré créer des jeux, et ce depuis que je suis gamin. J’avais pleins de petits cahiers remplis “d’idées de jeux”, de level design et tout ce qu’il faut. Développer des jeux est ma grande passion, j’ai l’impression que c’est une nouvelle forme artistique grâce à laquelle je peux m’exprimer, et pas seulement uniquement avec des mots, des dessins ou de la musique, mais avec la combinaison de ces trois éléments. J’avais essayé de faire des jeux depuis un long moment mais n’avais jamais réussi. C’est après avoir rencontré Amora que j’ai enfin pu en terminer un. Je pense qu’avoir quelqu’un qui me complète tellement est ce qui m’a permit de le faire.
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Gs : Une dernière question. Quels sont vos projets de jeu dans le futur ? Avez-vous déjà des idées pour votre prochain jeu ?
Amora : OUI ! Beaucoup ! Mais nous sommes toujours en phase de test, et n’avons pas encore décidé de ce qui viendra en suivant. Certaines de nos idées sont: une version re-visitée de Six Feet Over et un platformer très cinématographique orienté horreur. Une chose dont nous sommes sûrs cependant, c’est que nous allons retourner sur Talbot’s Odyssey, et développer un projet moins important en même temps, comme nous l’avions fait pour Out There Somewhere.
Santo : Le plus difficile est de décider à quel jeu nous devrions nous atteler maintenant. Nous souhaitons vraiment terminer Talbot’s Odyssey, mais nous travaillerons probablement sur un plus petit projet en parallèle.
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Gs : De la part des lecteurs de Game Sphere et de son staff, je vous remercie grandement pour ce que vous avez fait pour nous, et je vous souhaite bonne chance pour le futur !
Amora : Merci à VOUS pour tout ! Game Sphere est un super site, et c’est vraiment un honneur de montrer notre travail à vos lecteurs
Santo : Merci ! Nous sommes vraiment très content, c’est ce genre de choses qui nous motive à continuer de travailler sur nos jeux !
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J’ai dévoré cette interview !!!
Amora et Santo forment un couple IRL ?
Oui, mariés de plus.
J’aime bien leur vision à propos du jeux video en tant qu’art. Je pense exactement la meme chose.
Tres bonne interview sinon
Amora <3
On sent que la familiarité s’est de plus en plus installé entre vous, ça se ressent de plus en plus dans l’interview et c’est du coup très agréable à lire.
Bon .. maintenant, MauvaisVitrier sait par où passer s’il part en vacances au Brésil
Tant mieux que cette familiarité se ressente. Faut vous dire que la quarantaine de mails qu’on s’est échangé était tout le temps dans ce genre. Décontracté. A faire des blagues, et se filer des coups de main mutuellement. Y’a qu’avec eux qu’une interview en deux parties était possible, ils ont été partants pour toutes les idées que je leur ai proposé au fil du temps. Bref, je suppose que notre correspondance ne s’arrêtera pas là, puisqu’ils auront plein de bonnes choses à nous faire découvrir ! Et en exclu qui plus est
Ah mais Pocky and Rocky !!!!
Amora … par amour du gout <3