Test : The Bridge
Il y a presque un an jour pour jour nous publiions dans nos colonnes un aperçu du très prometteur The Bridge. Finaliste du tremplin étudiant de l’Independant Game Festival 2012, ce dernier s’était fait voler la vedette par le néanmoins très bon Closure. A l’occasion de cet aperçu, nous avions également réalisé une interview avec un des développeurs du jeu Ty Taylor. Lors de cet entretien, ce dernier nous avait avoué vouloir étoffer son jeu avec plus de contenu afin de proposer une expérience plus longue et poussée que ne le permettait la version qui nous avait été délivrée pour l’aperçu. Ty (programmeur) et son compère Mario Castañeda (artiste) avaient donc pris la décision de repousser le développement du jeu et sa sortie afin d’affiner le jeu et de rajouter du contenu.
Faisons le tour du propriétaire pour ceux qui n’auraient pas suivi l’actualité de l’an dernier. The Bridge est un « puzzle game 2D basé sur la logique, incitant le joueur à ré-évaluer ses préconceptions de la physique et de la perspective ». Il est développé à la base par deux étudiants comme projet de fin de cycle. Après avoir validé leurs diplômes respectifs, Ty et Mario ont alors décidé de continuer ce projet et d’en faire un véritable jeu.
The Bridge commence sans menu titre. En guise d’introduction, vous découvrez un personnage dormant profondément au pied d’un arbre. Vous comprenez rapidement qu’il vous faut utiliser les flèches directionnelles afin de faire bouger le personnage. Mais à la place de vous mouvoir, vous constatez que c’est l’écran qui pivote sur la gauche ou la droite. Seulement, l’écran ne pivote que très peu de chaque côté, vous décidez donc d’alterner les deux directions pour voir ce qui pourrait se produire.
Là, une pomme chute de l’arbre et tombe sur le sol. Vous continuez de secouer l’arbre jusqu’à ce qu’une pomme vienne réveiller le dormeur en s’écrasant sur le haut de sa tête. Une fois debout, vos instincts de joueur primaire vous incitent à avancer vers la droite jusqu’à arriver sur une maison dont la façade s’efface lorsque vous pénétrez à l’intérieur. Vous découvrez plusieurs portes sur lesquelles sont inscrits des chiffres romains. Une aventure qui s’annonce étrange commence enfin.
Chacune de ces portes vous mènent dans un vestibule dans lequel vous pouvez accéder à un ensemble de niveaux numérotés de I à V ou VI.
Les premiers niveaux s’apparentent à une sorte de tutoriel, mais qui n’en est pas véritablement un. Ces derniers sont en vérité une fine mise en bouche, une découverte progressive très bien dosée des mécanismes fondateurs du gameplay de The Bridge. Vous prenez alors conscience de l’importance de la phase d’introduction, sous l’arbre, et de la chute de la pomme sur la tête du personnage. La légende racontant la chute d’une pomme rappelle instantanément au joueur Newton et la théorie de la gravitation universelle.
Vous l’aurez compris, la pierre angulaire du gameplay si particulier de The Bridge sera la manipulation de la gravité. Mais avant d’en dire plus, et afin d’éclairer un peu plus la cohérence du gameplay, il est nécessaire d’aborder l’aspect graphique du jeu.
En effet, les dessins – tous réalisés à la main par Mario Castañeda – s’inspirent très largement des travaux de l’artiste mathématicien Maurits Cornelis Escher. Ce dernier fût et est toujours très connu pour ses travaux sur les perspectives et la géométrie impossible, sur les boucles infinies inspirés notamment des travaux sur le ruban de Möbius, le triangle de Penrose ou encore le cube de Necker. Cette esthétique mise au service du gameplay a pu également se retrouver dans le récent Antichamber qui utilisait également dans ses mécanismes et son style graphique certaines composantes des travaux d’Escher et de Penrose.
Dans The Bridge ce sont les jeux de perspectives, les géométries impossibles ainsi que la manipulation de la gravité qui sont au coeur des puzzles. Chaque tableau vous propose une énigme qui mettra à rude épreuve votre réflexion, votre logique et vous retournera littéralement la tête. Et c’est bien littéralement que vous devrez vous retourner la tête puisque qu’il vous sera nécessaire pour manipuler la gravité de faire pivoter l’écran à 360 degrés afin de faire se mouvoir les objets de certaines énigmes.
Dans chaque tableau vous devez atteindre une porte, vous permettant d’accéder à l’énigme suivante. Cela peut paraître simple, mais si les premiers tableaux sont de taille relativement réduite, vous arriverez bientôt dans des environnements beaucoup plus vastes mettant à contribution tous les éléments de gameplay intégrés jusque là, et demandant une réflexion intellectuelle et logique beaucoup plus poussée.
Vous devrez ainsi récupérer des clés (parfois affectées de gravités différentes), tout en évitant des boules meurtrières et en évitant de glisser dans le vide pour afin trouver le bon chemin vers la sortie. Dans certains tableaux sont éparpillés des triangles de Penrose; ces derniers, si vous les activez, inverseront horizontalement ou verticalement la gravité changeant votre personnage de couleur (noir ou blanc). Vous devrez prêter une attention particulière à la couleur de votre personnage et de la porte à la fin du niveau qui vous donnera un indice sur comment y entrer. En effet, si vous êtes en blanc, vous ne pourrez rentrer dans une porte noire. Et rassurez-vous, si vous mourrez il vous suffira de presser « espace » pour revenir dans le temps et sur vos pas afin de corriger vos erreurs.
Alors que les premiers chapitres n’ont presque pas changé depuis la version de l’aperçu – seuls quelques niveaux ont été rajoutés – The Bridge vous propose un challenge supplémentaire et hautement plus corsé dans les chapitres suivants. Ces derniers apportent de nouvelles composantes de gameplay que nous tairont de peur de spoiler le plaisir – ou l’horreur – de la découverte.
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Pour boucler le jeu, comme dans beaucoup de puzzles games, tout dépendra de la capacité de chacun à résoudre les énigmes en un temps limité. Tablez cependant entre 5 et 10 heures de jeu pour arriver au bout du titre et découvrir tous ses secrets. Et s’il est facile de dénombrer les indéniables atouts de ce jeu intelligent et original, l’exercice du test nous incombe également la tâche ingrate de montrer du doigt ses défauts. Et s’ils restent peu nombreux et logiquement légitimes, on peut cependant reprocher à the Bridge une durée de vie qui reste un peu short et une lenteur parfois agaçante. A leur décharge, notre perception de la courte durée de vie est surement tronquée par le fait que nous connaissions déjà le jeu et une bonne majorité des solutions aux énigmes; du côté de la lenteur, des efforts ont été faits entre la version de l’an dernier et le jeu final qui sort aujourd’hui et l’on pourra arguer qu’un jeu de ce genre n’a aucun besoin d’être rapide. A vous d’en tirer vos propres conclusions. Ce qu’il faut néanmoins retenir c’est que The Bridge est un véritable bijou, un jeu original comme nous en trouvons peu de nos jours et duquel il serait dommage de passer à côté.
Résumé
Les + | Les - |
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Original, intelligent, esthétique superbe, difficile | Lent, court |
Score du jeu : |
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Lent certes mais assez magique et de longues heures d’arrachage de cheveux en perspective ! (au sens propre comme au figuré d’ailleurs). Depuis tes toilettes, je plussoie test. Encore une fois la qualité est au rendez vous !
Virgile, sort de mes chiottes, chier nuit à la syntaxe et à l’orthographe