Test : Fotonica
Mirror’s Edge, en son temps, a fait de nombreux émules. Toutefois, les quelques jeux qui ont tenté de reprendre la formule astucieuse utilisée par les développeurs se sont généralement plantés, jusqu’à ce que d’autres se rendent enfin compte que simplement copier son modèle ne suffit pas (inMomentum par exemple, qui a réussi à détourner le concept). Si on regarde une vidéo de Fotonica, on pense immédiatement “Mirror’s Edge”. Pourtant, on est loin du compte.
En effet, pour résumer le gameplay de Fotonica, on peut utiliser deux concepts. Soit “Canabalt en vue à la première personne”, soit “Runner en une dimension”. Enfin une dimension, pas tout à fait. On se déplace certes selon principalement un axe fixe, mais on peut également sauter. Parce qu’en fait, Fotonica offre un gameplay à un bouton. Mais là où d’autres s’y sont réussi, Fotonica s’y perd.
Pourtant, le concept est intéressant : une sorte de Canabalt vu à la première personne, avec une esthétique épurée et simpliste, ça peut offrir une expérience intéressante. Mais Fotonica enchaîne les déceptions, et on en vient à pester face à de nombreux choix incompréhensibles.
Déjà, il est court. Très court. Le jeu propose 4 niveaux, + un niveau ‘endless’ généré procéduralement, et un niveau bonus. Ces 4 niveaux sont intéressants, mais laissent un arrière goût de “trop peu”. Le niveau endless manque cruellement d’intérêt, pour la simple et bonne raison qu’il semble se limiter à des plateformes droites, demandant simplement d’anticiper. Un design qui reste trop simple en comparaison avec les autres niveaux. Enfin, le dernier niveau joue inutilement sur les défauts du jeu.
Mais quels sont-ils ? Déjà, mentionnons la caméra. Comme dans un Mirror’s Edge, la caméra bouge lorsque l’on saute, ou atterrit, pour amplifier l’immersion. Sur le papier, l’idée est bonne, mais en principe, on est bien en deçà du jeu de référence. Lors du saut, le personnage jette un coup d’oeil vers le bas, ce qui du coup empêche de voir au loin, et par conséquent là où l’on veut atterrir. Gênant, surtout quand on enchaîne les sauts… De la même façon, lorsque l’on atterrit sur une plateforme, la vue tangue violemment, et même si on a là une retranscription du choc de l’atterrissage, disons le clairement : c’est gerbant, et là encore ça masque la vue.
Pourtant, c’est un type qui active toujours le motion blur dans ses jeux, et qui n’est jamais affecté de “motion sickness”, comme disent les anglophones, qui vous dit ça. Fotonica doit être le premier jeu qui a réussi à me donner une légère nausée, après deux ou trois niveaux, avec Super Hexagon après un repas consistant. Mais le truc, c’est que outre l’effet sur le joueur, ces mouvements entravent énormément le gameplay.
En effet, le deuxième problème de Fotonica est inhérent au jeu : la perspective. Avec une perspective comme ça, on a bien plus de mal à jauger les distances qu’avec une vue en 2D, et vu que le personnage est assez “petit”, le phénomène est encore plus amplifié. Si ce soucis ne se sent pas trop sur le premier niveau, on s’y heurte très vite par la suite, et c’est de ça qu’abusent le niveau endless et le niveau bonus. Le premier fait en effet courir le joueur de plus en plus vite, ce qui affecte cette perspective, et le second cache carrément l’horizon au joueur, et le fait parfois courir sur des surfaces pas du tout lisibles à cause de l’esthétique du jeu. C’est du sadisme.
Mais nous n’avons toujours pas parlé du but de chaque niveau ! Le joueur est lancé en courant sur des plateformes, et le but est d’atteindre la fin du niveau le plus vite possible en ramassant le plus d’orbes roses possible, au fil du niveau. Tout cela affecte le score final, mais on est loin du plaisir pris à scorer dans inMomentum, tant qu’on reste dans le registre viril des boules à récolter.
En plein saut, vous pouvez soit choisir de chuter plus vite, soit de rester en l’air le plus longtemps possible, et c’est là la seule subtilité du gameplay. Passons maintenant aux autres choix discutables, mais avant cela, abordons un point positif.
La musique ! Elle semble vraiment bonne, et on est généralement pris dedans dès le début d’un niveau. Essentiellement électronique, elle donne un sacré cachet au jeu, en combinaison avec son esthétique. Enfin du moins, semble-t-il.
Pourquoi, me direz vous ? Tout simplement parce qu’on a pas le plaisir de l’écouter. En effet, dès qu’on atteint une certaine vitesse, et qu’on a récolté assez d’orbes, le jeu passe en mode je-sais-pas-quoi : tout devient jaune (au lieu de blanc), un effet de bloom est appliqué sur les fils de fer composant les éléments du jeu, et la musique devient tout d’un coup ultra lointaine avec echo. Concrètement, on entend plus la musique et on voit plus très bien, dans un jeu qui souffre déjà de divers soucis de lisibilité. Pas forcément la meilleure idée du jeu…
Mais arrêtons de tirer sur l’ambulance. Concrètement, Fotonica nous a déçu. M’a déçu. Parce que j’adore les jeux qui prennent des risques, j’adore les jeux à la première personne, j’ai adoré des jeux tels que Mirror’s Edge, inMomentum ou encore Canabalt, et que pour moi Fotonica devait représenter un excellent jeu dans cette catégorie globale, tout en ayant sa propre identité. Et la déception n’en est que plus forte, quand on voit tant de potentiel, tant de parti-pris qui était osé, mais qui est totalement flingué par d’autres choix plus que contestables.
Alors bon, on critique, on critique, mais le jeu est proposé à 4.99$, et à ce prix, tout est excusable. Tout, sauf d’avoir gâché en parti un tel concept, et si l’on ne peut décemment pas flinguer le jeu au niveau de la note, étant donné son prix, on peut par contre mettre en garde le lecteur contre tous ces défauts.
—–
Résumé
Les + | Les - |
---|---|
Un concept intéressant, une esthétique plutôt osée, des musiques sympa | Un gameplay qui n’évolue pas, une lisibilité du jeu qui souffre, les mouvements de caméra, l’effet qui s’impose dans tous les niveaux, le manque de contenu. |
Score du jeu : |
Sur le même thème :
C’est vrai que tout ça fait un peu léger. Je suppose qu’être sur la not on steam sale a cependant relancé ses ventes
Logiquement oui ! Mais vraiment, ils auraient du mettre plus de niveau…
Bonne analyse Faust. Juste une question : « après un repas consistant », il consistait en quoi ce repas justement??!
Sinon le passage en « mode je-ne-sais-pas-quoi » ça fait penser à un trip sous LSD. C’est peut-être un jeu de simul masqué !
Une simulation de course après ton revendeur de cachetons !
C’est ça, ce ne sont pas des orbes mais des pilules roses que tu récupères.
Avec un petit coeur dessiné dessus