“Red, est-ce que tu m’entends ? Tu n’es pas blessée ? Bien. Tire sur l’épée Red. Tire plus fort, n’aie pas peur de me faire mal. Voilà, parfait. Maintenant Red, il faut fuir.” Ainsi commence Transistor, un drame parmi tant d’autres au sein de l’étrange et magnifique cité de Cloubank qui, en proie aux attaques incessantes du Process, est en train de dépérir. La voix effacée d’une jeune femme pourra-t-elle lui redonner la vie ?
Transistor, sorti le 20 mai, est un jeu de rôle en 3D isométrique nous contant l’histoire de Red, une chanteuse ayant perdu sa voix après avoir été agressée par la Camerata, un groupe d’individus responsable de la disparition de nombreuses personnalités de la ville de Cloudbank. Ce soir-là, Red devait mourir à son tour mais c’est sans compter sur l’intervention de son compagnon qui s’interpose entre elle et l’épée meurtrière. Alors que la jeune femme, perdue et abattue, s’approche du corps sans vie, elle entend une voix « Hey Red ».
Welcome to Cloudbank, Red
Si Bastion nous avait enchanté par la qualité de sa narration et de son scénario, Transistor suit le même chemin que son aîné tout en se distinguant. Vous vous souvenez de cette voix qui accompagnait le Kid durant son aventure, une voix omniprésente qui racontait une histoire qu’il connaissait déjà ? Dans Transistor, cette voix est toujours présente et doublée encore une fois par l’excellent Logan Cunningham. La seule différence est que le narrateur est un élément clef de l’histoire, incarnant le compagnon de Red désormais enfermé dans l’épée qui mit fin à ses jours. Je ne pourrais malheureusement pas vous en dire plus sur le scénario sans vous spoiler, sachez seulement que ce dernier est certainement plus complet et détaillé que Bastion bien qu’il souffre selon moi d’une certaine légèreté. Comprenez : génial mais nous aurions aimé en voir plus, en savoir plus.
Stop the time and fight
Maintenant que nous avons la manette en main, reste à savoir si le système de combat tient la route. Pendant ma première heure de jeu, je dois admettre que j’ai eu l’impression de jouer à une version moins dynamique et moins intuitive de Bastion. Les affrontements sont certes plus stratégiques, mais surtout plus lents et légèrement plus faciles quand on commence à prendre le gameplay en main. Et pourtant, ces premiers instants passés, nous découvrons un système d’une richesse et d’une maturité qui réjouira les plus optimisateurs d’entre nous.
Pour résumer, il existe deux modes de combat : le temps réel où vous agissez au même moment que vos ennemis et le mode Turn, qui figera le temps et qui vous donnera l’occasion de planifier un certain nombre de tâches (déplacements, attaques…). Une fois satisfait de votre stratégie, il vous suffira d’appuyer sur un bouton pour que Red accomplisse ses actions à une vitesse qui ne laisse pas à la plupart des créatures le temps de répliquer. Un peu trop fort pensez-vous ? Oui et non car une fois le mode Turn terminé, vous souffrirez d’un temps de latence où votre personnage ne pourra plus attaquer, ce qui je vous laisse le deviner, s’avère dans certains cas extrêmement pénible.
Bien évidemment, comme dans tout bon RPG, vous remporterez de l’expérience après chaque combat. La montée en niveau, très rapide si vous vous imposez des limiteurs – autrement dit des malus – vous permettra d’augmenter rapidement votre panel de possibilités.
Your soul is my strength
Si dans Bastion, les armes que vous portiez influençaient le gameplay, ce ne sera pas le cas ici puisque du début à la fin, vous porterez le Transistor, cette épée qui semble un peu trop lourde pour cette chère Red. Mais ne vous inquiétez pas, les petits malins de Supergiant Games ont été très créatifs et le système de compétences qu’ils ont inventé vaut largement celui de Bastion.
L’idée est que chaque compétence est en réalité un être vivant enfermé dans l’épée. Pour les utiliser, vous aurez quatre emplacements disponibles en actif – comme les quatre boutons d’une manette. De manière brute, ces compétences sont déjà très variées, de l’attaque basique en passant par le dash, de l’utilitaire avec la possibilité de convertir un ennemi à sa cause pour un court instant à l’invocation d’un allié contrôlable lors du mode Turn. En tout, ce ne sont pas moins de seize compétences qui sont à débloquer.
Mais le meilleur est à venir puisque chacune de ces compétences peut être également utilisée en passif d’une autre compétence pour en améliorer l’effet. Si vous prenez le dash en actif et que vous y mettez le camouflage en passif, vous pourrez esquiver les attaques tout en étant invisible durant quelques secondes. Sachant que chaque slot actif peut comporter jusqu’à deux compétences passives, je vous laisse calculer la somme faramineuse de possibilités. Et ce n’est pas tout ! Une compétence peut également servir d’utilitaire à Red en étant placée sur un emplacement passif général, ce qui lui accordera divers bonus (résistance accrue, bouclier…). Autant vous dire que si vous êtes un minimum curieux, vous passerez beaucoup de temps à construire et reconstruire votre build jusqu’à obtenir celui qui vous convient le mieux.
I’m sorry for your voice Red
De bout en bout, Transistor est un voyage certes extrêmement linéaire, mais un voyage dépaysant et possédant une véritable force de caractère. Oui, Transistor est une claque pour la rétine, un régal visuel très inspiré qui prend une direction opposée à celle de Bastion tout en restant dans le même esprit. Pour vous donner une idée, j’ai pris un certain nombre de captures pour ce test et croyez-moi, chacune de ces captures pourrait aisément et sans retouche me servir de fond d’écran. C’est dire. Là où le bât blesse, c’est qu’après sept heures de jeu – le temps qu’il m’a fallu pour le terminer – nous sentons un manque de renouvellement des décors sur la fin. Remarquez, ce vide s’explique dans le scénario et très franchement, je ne l’aurais probablement pas remarqué si je ne jouais pas dans l’optique d’un test.
Du côté de la bande-son, c’est tout comme Bastion un certain Darren Korb qui signe ici une OST de grande qualité, bien qu’elle soit à mon goût légèrement plus inégale que celle du premier jeu de Supergiant Games. Mais ne vous y trompez pas, certaines pistes telles que « Old Friends » ou « Vanishing Point » vous feront vibrer croyez-moi et c’est avec grand plaisir que nous écouterons les performances vocales d’Ashley Barrett qui pour l’occasion, prête sa voix au personnage de Red. Oui je sais, je vous ai dit qu’elle était aphone mais bien qu’elle ne puisse pas parler, vous aurez l’occasion de l’entendre chantonner à n’importe quel moment en appuyant sur la touche attribuée. La performance ici est que selon la piste jouée en fond, le chant de Red s’y adaptera. Anecdotique certes et pourtant si bien trouvé et terriblement efficace.
Good bye
S’il souffre de certains défauts tels que des temps de chargement conséquents lors de vos premières parties, d’une trop grande linéarité ou d’une durée de vie un peu courte heureusement rattrapée par des challenges et la possibilité de refaire l’aventure en conservant son niveau, Transistor est un grand jeu. Il possède une véritable identité et, bien qu’il ressemble en de nombreux points à Bastion, les créateurs de Supergiant Games ont su se démarquer en faisant souffler un vent de fraicheur, que ce soit dans la narration, le gameplay ou la direction artistique. Si vous êtes prêt à lui pardonner ses rares défauts, Transistor saura certainement vous toucher d’une manière ou d’une autre et vous arrachera peut-être – comme cela a été le cas pour moi – une première larme de tristesse pour cette fin émouvante et une deuxième larme de déception parce que, eh bien, vous avez terminé Transistor.
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Review
Pros | Cons |
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- Une patte graphique magnifique | - La faible durée de vie - Le côté couloir-monstre trop linéaire - Le jargon de l'univers du jeu qui nuit à l'accessibilité du gameplay |
Rating |
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Une vidéo test est en cours de tournage !
Merci pour le test! j’avoue que j’y ai retrouvé ce que j’avais pu ressentir pendant mes heures de jeu, surtout au niveau de la prise en main qui désappointe un peu au début pour montrer tout son potentiel une fois qu’on a compris la bonne manière de l’optimiser.
Un très bon jeu, dans tous les cas qui vaut réellement la peine, bien qu’un peu court. Mais assez envoûtant pour se laisser retenter par l’aventure.
Je ne l’ai pas désinstallé, je compte bien m’y remettre dans quelques semaines en New Game + ^^
J’y ai passé 3 petites heures aujourd’hui, et on retrouve vraiment tout ce qui fait le charme de Bastion (cette narration tellement bien pensée, tellement bien mise en scène, et qui fait sérieusement un bon quart de l’intérêt du jeu). Mais j’ai du mal à accrocher aux combats, un peu trop répétitifs, en plus j’ai toujours l’impression d’être handicapé parce que j’ai jamais toutes mes compétences dispo à la fois (et aussi parce que je suis un peu mauvais), et si j’ai pas joué 10h d’affilés aujourd’hui, c’est bien à cause de ça.
Mais ça reste vraiment excellent, tout à fait digne de la succession de Bastion. Foncez.
Il ne faut pas hésiter à changer régulièrement de build pour éviter la monotonie des combats. Et quand je dis régulièrement, perso, c’était à chaque nouvelle compétence débloquée. En fait, je dirais que Transistor est largement supérieur à Bastion dans son approche des combats
C’est sur que Bastion c’était un peu du rentre dedans niveau combat mais ça restait rapide et assez diversifité, dans Transistor avec le turn() c’est un peu plus lent mais ça rajoute un côté stratégique complétement différent et très appréciable (mais à petit dose pour moi :p).
Et perso moi mon build change plus à chaque compétence bloquée qu’à chaque compétence débloquée ^^”