Aperçu : Drifter
« Brillante étoile, que n’ai-je ta constance ? » déclamait John Keats, le poète auteur d’Hyperion dont s’est inspiré Dan Simmons pour son cycle de science-fiction éponyme. La constance des étoiles, voilà un sujet qui mérite que l’on s’y attarde un tant soit peu. Et c’est ce que nous allons faire de ce pas avec Drifter, le sandbox de l’espace développé par les Canadiens de chez Celsius Game Studios.
Après Space Engineers, qui nous proposait une petite virée minecraftienne dans les étoiles, c’est au tour de Drifter de s’adonner au sandbox spatial. Mais plutôt que de reprendre les bases du genre, Celsius Game Studios nous offre ici un concept très différent puisque jamais nous n’aurons l’occasion d’entrevoir notre alter ego de polygones ou plutôt si, nous le voyons très bien en admettant incarner non pas un personnage mais un vaisseau spatial.
Drifter pourrait ainsi se résumer à première vue à piloter son engin à travers l’univers avec pour seule compagnie les astres célestes. Mais bien entendu, qui dit sandbox dit recherche de matériaux dans l’objectif de construire. À l’heure actuelle, je suis loin d’être convaincu par le minage puisque sans passer par la caisse ou le troc, vous aurez deux choix pour trouver ce dont vous avez besoin pour améliorer votre vaisseau : la destruction d’astéroïdes ou la traque pure et dure de navettes de transport.
Et malheureusement, ni l’un ni l’autre ne présente d’intérêt puisque pour les deux, il suffira de s’aligner selon un angle d’attaque adéquate et de garder la touche tir enfoncée. Oui, même pour les ennemis, dont l’intelligence artificielle est loin d’être au point malheureusement.
Outre le minage, vous aurez l’occasion de vous adonner aux joies du marché des biens. Oui, oui, vous avez bien lu, le marché. Parce qu’à mon sens, le point fort de Drifter est de proposer un véritable système d’offre et de demande basé sur une économie fictive simple sur le papier mais qui réjouira les mordus de la spéculation.
Pour vous expliquer comment fonctionne tout cela, sachez qu’il est possible, grâce à son vaisseau et à un peu d’antimatière, de voyager de système solaire en système solaire – j’ai d’ailleurs été obligé de me rendre sur le forum Steam du jeu pour comprendre comment faire. Il vous sera alors possible, via l’interface, de prendre note de la valeur des biens. Rien ne vous empêche alors d’acheter alors telle ressource en grande quantité à bas prix pour la revendre plus cher à deux sauts de là.
Vous enrichir sera très vite nécessaire à ce propos puisqu’une fois lassé de votre petite navette ridicule offerte au début du jeu, vous désirerez peut-être acquérir une plus grosse bécane pour impressionner les petits vieux du quartier ou plus raisonnablement, transporter plus de marchandises et vous équiper d’armes plus puissantes. Outre la spéculation à échelle galactique, vous pourrez tenter d’accomplir quelques missions en vous arrêtant à une station spatiale.
Et c’est sûrement de ce côté que le jeu souffre d’un problème de rythme puisque ces missions sont inintéressantes à effectuer. Un colis à livrer ? Il faudra traverser plusieurs systèmes solaires, ce qui représente en temps de jeu une petite dizaine de minutes pour simplement relier deux stations. Des pirates à abattre ? Bon courage pour les retrouver, bien que nous sachions pourtant dans quel système ils se cachent.
Pour continuer sur le rythme, j’ai éprouvé de grandes difficultés à cerner Drifter. Le tutoriel manque d’éléments et il faut bien l’avouer, ce jeu est loin d’être aussi intuitif qu’il devrait l’être. Je vous parlais du saut de système en système que je n’aurais jamais réussi à faire sans le forum mais de nombreux autres éléments rendent Drifter obscur et difficile d’accès, ce qui pourrait rebuter les moins acharnés d’entre nous.
En bref, Drifter est un jeu avec un grand potentiel mais qui souffre du syndrome de l’accès anticipé. Je suis largement partisan de donner la possibilité aux développeurs de mettre leurs créations sur Steam avant la sortie officielle pour des raisons de financement et de retour d’avis des joueurs mais parfois, cela dessert ces derniers comme c’est le cas ici.
Bien évidemment, cet avis ne concerne que mon expérience personnelle et je ne peux que vous inviter, si vous êtes attiré par le genre, à vous essayer à Drifter ne serait-ce que parce qu’il présente malgré tout des qualités et qu’il saura – j’en suis convaincu – s’embellir avec le temps et les mises à jour. En espérant qu’à l’image des étoiles de John Keats, Celsius Game Studios garde sa constance.
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Bon, on ne peut qu’espérer que ce ne soient que les affres de l’EA qui le rendent aussi bancal. Vivement des mises à jour, histoire de savoir s’il ne s’agissait que d’un mauvais départ.