Entretien avec Ty Taylor (The Bridge)

Par MauvaisVitrier , le 17 février 2012 à 20:23 | Actualité, Interview, Toutes les news |

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Après avoir été récompensé il y a quelques jours par l’Indie Game Challenge dans les catégories Direction Artistique et Gameplay, The Bridge est actuellement en phase finale du tremplin des étudiants de l’Independant Game Festival 2012. A cette occasion, nous avons pu nous entretenir avec un de ses créateurs Ty Taylor. Ensemble, nous sommes revenus sur le développement de son jeu, ses inspirations, ainsi que ses aspirations pour le futur.

Game Sphere : Tout d’abord, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pourriez-vous vous présenter, présenter votre équipe de développement ainsi que votre jeu ?

Ty Taylor: Je m’appelle Ty Taylor et j’ai conçu et programmé The Bridge. L’artiste du jeu quant à lui s’appelle Mario Castaneda. Nous avons étudié à Case Western Reserve University, où nous avons commencé ce projet dans nos disciplines respectives. Nous avons continué à bosser sur le jeu après avoir obtenu le diplôme et y travaillons toujours à l’heure qu’il est.

The Bridge est un puzzle game 2D basé sur la logique, incitant le joueur à ré-évaluer ses préconceptions de la physique et de la perspective. Manipuler la gravité pour inter-changer le sol et le plafond, s’aventurer dans des architectures impossibles et explorer plusieurs chapitres à la difficulté croissante. Chaque niveau est unique – dans sa conception et dans ses détails – et garantit de marquer le joueur d’un sentiment d’accomplissement très prononcé, tout en l’immergeant dans une histoire captivante. The Bridge s’illustre comme un jeu au service de l’art, composé de magnifiques dessins réalisés à la main, à la manière de lithographies en noir et blanc.

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GS: Quelle a été l’idée qui vous a donné envie de concevoir ce jeu ?

TT: J’ai toujours adoré le travail de Maurits Cornelis Escher, et je voulais depuis le début créer un jeu similaire à ce qu’il dessinait. J’ai tiré pas mal de concepts de ses oeuvres, mais je reste à l’origine d’une grande partie des puzzles et mécanismes de The Bridge. J’ai tiré mes concepts des grandes thématiques de l’oeuvre d’Escher et ai organisé l’histoire autour de ces derniers.

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GS: J’ai remarqué quelques similarités entre votre jeu et celui de Jonathan Blow, Braid. Par exemple: le choix de dessins peints à la main, l’atmosphère mystérieuse dans laquelle on évolue, sa portée philosophique, ou encore le retour dans le temps (même s’il n’a pas du tout la même fonction). Un détail m’a également frappé: La maison du personnage dans laquelle on pénètre avant de véritablement jouer est constitué de plusieurs portes, chacune menant dans un hall donnant sur une série de portes, chacune d’elle correspondant à un niveau. Je ne sais pas si c’est une référence intentionnelle, mais c’est ce que j’ai ressentit. Maintenant, voici ma question: de qui ou de quels jeux vous êtes vous inspirés pendant la conception de The Bridge ?

TT: Escher a été la première source d’inspiration pour The Bridge, mais Braid est en effet définitivement en seconde position. Je pense que Jonathan Blow a à peu près tout réussi concernant Braid, la fluidité du gameplay (la façon dont le jeu « commence », la segmentation en mondes, halls et thèmes) qui rend un premier abord avec le jeu aussi simple que possible, et permettant au concepteur de vraiment se concentrer sur le coeur, le noyau du gameplay. L’aspect « dessin » de The Bridge était censé coller graphiquement aux travaux d’Escher, mais il est vrai qu’il y a certaines ressemblances avec Braid, notamment au niveau de l’expérience et du ressenti du joueur.

GS: Est ce vous pourriez expliquer à nos lecteurs, qui est le protagoniste de The Bridge, et ce qu’il recherche ?

TT: Le personnage de The Bridge est un philosophe sans nom qui se retrouve dans un monde étrange – après s’être réveillé – qu’il décide d’explorer. C’est tout ce que je vais vous dire … (sourire)

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GS: Votre jeu est actuellement en compétition dans la catégorie « Tremplin Étudiant » à l’Independant Game Festival 2012. Votre jeu étant très mature, et ce dans plusieurs domaines, il a de grandes chances de remporter le premier prix. Qu’en pensez vous ?

TT: Ce que je n’aime pas dans les concours, c’est qu’il doit y avoir un gagnant, choisi par un comité restreint. J’ai pu essayer la plupart des jeux des autres étudiants participant et ils sont tous super, mais j’ai le sentiment que beaucoup de temps, d’efforts et de talent ont été placés dans la création de The Bridge et il est vrai qu’il propose une expérience plus complète que d’autres. Je serai modeste si The Bridge venait à remporter le premier prix, mais je serai également heureux qu’un autre jeu le remporte, car ils le méritent tous.

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GS: Vous m’aviez dit lors de l’un de nos échanges que vous aviez décidé de repousser la sortie de The Bridge afin « d’ajouter plus de contenu dans le but de proposer aux joueurs une expérience plus approfondie ». Ce n’est pas une mauvaise idée, mais qu’est ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?

TT: Globalement c’est à cause des attentes du public. J’ai décidé qu’un temps de jeu de deux à trois heures n’était pas suffisant du tout. Quand The Bridge sortira, je veux que les gens pensent qu’ils en ont eu pour leur argent. 

GS: Je ne me souviens plus où j’ai entendu cela, mais Jonathan Blow a un jour déclaré que de nos jours l’industrie du jeu vidéo à tendance à prendre les joueurs pour plus bêtes qu’ils ne le sont, et que c’est pourquoi on nous sert des jeux de plus en plus faciles et assistés. Je n’irais pas jusqu’à dire que The Bridge est extrêmement dur, mais il propose quand même un challenge élevé. Que pensez vous des mots de Blow au regard de votre jeu ?

TT: J’ai conçu The Bridge dans l’optique que n’importe qui (quel que soit son niveau intellectuel ou son expérience de joueur) puisse apprécier l’expérience de jeu. J’ai essayé de me concentrer sur une difficulté honnête et progressive de façon à ce que le joueur puisse parfaitement s’imprégner des différents concepts. Ma philosophie quant il s’agit de créer ce genre de jeu est de faire de chaque niveau une sorte de tutoriel pour le suivant. Je pense que pour les joueurs, ce genre d’approche permet une meilleure expérience de jeu, quel que soit leur intellect.

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GS: J’ai une dernière question à vous poser avant de terminer cet entretien. Avez-vous déjà des projets en tête que vous souhaiteriez développer quand The Bridge sera sorti ? Des idées en particulier que vous souhaiteriez explorer ?

TT: Comme la plupart des concepteurs de jeux vidéo, je ne suis jamais à court d’idées. Mario et moi prévoyons déjà deux nouveaux jeux après celui ci. Nous les avons déjà partiellement entamé pendant le développement de The Bridge. Nous espérons pouvoir créer un puzzle game de moindre ampleur que The Bridge dans les mois qui arrivent afin de participer à de nouveaux festivals (Indiecade et LevelUp). Après avoir terminé The Bridge nous nous attèlerons à des projets plus ambitieux, avec notamment un concept qui, je pense, sera encore plus intéressant à exploiter que celui du précédent.

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GS: Ici s’arrête l’entretien, nous vous remercions une dernière fois de nous avoir accordé un peu de votre temps et nous vous souhaitons bonne chance pour les IGF Finals

TT: Merci pour l’intérêt que vous portez à The Bridge, j’apprécie énormément !

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